Le défi de la reconstitution du plafond du cabinet de bains
Suite à l’incendie de chantier de l’été 2013, la voûte du « Cabinet des bains » était la partie d’exception de l’hôtel LAMBERT qui avait été la plus endommagée par le feu et l’eau. La voûte presque entièrement effondrée avait été éparpillée « façon puzzle » dans la pièce.
Protéger, ramasser, trier, restaurer les 8 500 pièces de plâtre peint, reconstituer le puzzle en 3 dimensions, le réinstaller dans l’hôtel LAMBERT : la mission paraissait impossible. Archéologues, restaurateurs, concepteurs et constructeurs ont relevé ce défi et sont en passe de le réussir.
Dans un numéro précédent de « REP News » de novembre 2015, la recherche archéologique, l’assemblage des parties du puzzle et la restauration des pièces avaient été présentés. Dans ce numéro, nous vous proposons la suite de cette saga !
L’assemblage complet du puzzle sur un coffrage en 3D transparent en PMMA
Le polyméthyle de méthacrylate ou PMMA est un matériau moderne dérivé du pétrole. Il est aussi appelé verre acrylique, plexiglas, Perspex au Royaume-Uni ou encore Setacryl en Italie. Ses avantages : il peut être moulé à la forme de son choix, il est léger, résistant aux chocs et transparent.
Grâce au relevé 3D fait avant les travaux de la voûte du cabinet des bains, un coffrage de sa sous-face a été reconstitué en verre acrylique, aux mêmes dimensions que l’original.
Actuellement, des restaurateurs assemblent les parties du puzzle sur ce coffrage transparent. Les éléments sont posés au-dessus du verre bombé en vérifiant en-dessous que le dessin est bien reconstitué. Puis les éléments sont collés entre eux sur leur partie extérieure en plâtre. Cette phase de reconstitution en cours est réalisée à 50 %.
Les essais de repose à blanc
Pendant ce temps, sur chantier, la repose de la voûte reconstituée a été réalisée à blanc. Pour ce faire, une copie de la voûte reconstituée, de son moule en verre acrylique et du cadre métallique support a été réalisée. Puis le levage et la pose de cet ensemble hétéroclite mais artistique ont été réalisés sur chantier avec la plus grande des précautions. Les 4 murs de la pièce du cabinet des bains avaient été aussi renforcés précédemment de façon à pouvoir supporter la surcharge provisoire de l’ensemble hétéroclite mais artistique. Evidemment, la charpente bois de la couverture n’a pas été reposée dans cette zone..… la suite au prochain épisode.
Bravo à Ange PETENZI, Valentin LE BELLEGUIC et à toute l’équipe de l’Hôtel LAMBERT et bon courage pour la suite !
Annexe : Pourquoi le cabinet des bains est-il si exceptionnel ?
La voûte du « Cabinet des bains » a été peinte par Eustache Le Sueur (1617-1655). Avec la voûte de la galerie d’Hercule de Charles LE BRUN (1619-1690), ce sont les deux œuvres de décoration d’exception de l’hôtel Lambert, lui-même chef d’œuvre de l’architecte-constructeur Louis Le Vau (1612-1670).
Au dernier étage, dans l’attique, Jean-Baptiste Lambert fit aménager un nouveau luxe de son époque, un appartement de bains. Le plafond en voussure de cette pièce, aux dimensions modestes, a été entièrement peint par LE SUEUR : Aux quatre angles, un fleuve et une rivière ou un océan et une mer, aux quatre milieux des enfants qui dressent des branches de coraux, enfin quatre sujets, Diane et Actéon (au-dessus de la cheminée), le secret de Calisto (en face), le triomphe d’Amphitrite et le triomphe de Neptune. La pièce a suivi de nombreux aménagements au cours des siècles, mais le plafond décoré, lui, est resté. Voltaire y avait aménagé son cabinet de travail de 1745 à 1749 et y aurait écrit La Henriade.
