10 Grenelle : quand le devoir de mémoire s’invite sur un projet de rénovation

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Par :

Antonin Tixier

Théâtre des plus sombres événements de la déportation au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’ancien site du vélodrome d’Hiver est aujourd’hui rénové par les équipes de Rénovation Privée du 10 Grenelle et se pare d’un tout nouveau jardin du souvenir.

Un emplacement marqué par l’Histoire

Situé à l’angle des rues de Grenelle et Nélaton, le vélodrome d’Hiver fut érigé en 1909 afin d’abriter les plus grandes compétitions de vélo. Sa situation à proximité directe de la tour Eiffel et l’essor du cyclisme au début du XXe siècle lui conférèrent rapidement un important succès.

Pourtant, les événements de la Seconde Guerre mondiale devaient changer le cours de son histoire. En juillet 1942, le régime nazi ordonne l’opération « Vent printanier » consistant en une arrestation massive de juifs à l’échelle européenne. En France, le régime de Vichy déploie un arsenal de 7 000 policiers qui arrête 13 152 juifs en région parisienne les 16 et 17 juillet 1942. Le vélodrome d’Hiver sert alors de prison provisoire et insalubre à plus de 8 000 d’entre eux qui y furent parqués sans nourriture en attente de leur déportation à Auschwitz cinq jours plus tard.

L'ancien jardin du souvenir avec la plaque mémoriale

Le vélodrome fut détruit en 1959 et remplacé par un site du ministère de l’Intérieur. Une plaque commémorative sur le boulevard de Grenelle assure la mémoire de ces événements et rend hommage à ceux qui tentèrent de s’y opposer. Encore aujourd’hui, des fleurs y sont régulièrement déposées.

Une mémoire continue au cours de la rénovation

Lors des réunions de lancement avec les riverains, le sujet du mémorial a occupé une place significative dans les discussions. Des questions se sont tout de suite posées : « La plaque et le jardin seraient-ils bien conservés ? Comment le devoir de mémoire serait-il assuré en phase chantier ? » Autant d’inquiétudes qui ont disparu à la présentation du projet, cédant la place à l’impatience de découvrir le futur mémorial.

2-La plaque déplacée sur la palissade chantier

Afin d’assurer une continuité du mémorial alors que la plaque se situe dans l’emprise chantier, un aménagement spécifique a été réalisé dans la palissade. La plaque y est mise en valeur permettant ainsi à ceux qui le souhaitent de continuer à se recueillir même pendant les travaux. Cela garantit également une protection de la plaque contre les importants travaux de démolition réalisés à proximité.

À la fin des travaux, la plaque sera une nouvelle fois déplacée afin d’intégrer son écrin définitif rue Nélaton. Un jardin paysagé ouvert au public sera aménagé afin d’offrir une nouvelle lecture à ses lignes historiques.

Les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 juifs furent arrêtés dans Paris et sa banlieue, déportés et assassinés à Auschwitz. Dans le vélodrome d’Hiver qui s’élevait ici, 4 115 enfants, 2 916 femmes et 1 129 hommes furent parqués dans des conditions inhumaines par la police du gouvernement de Vichy, sur ordre des occupants nazis. Que ceux qui ont tenté de leur venir en aide soient remerciés. Passant, souviens-toi ! »