Avis aux amateurs d’hôtels et d’histoire…
Projet phare de Rénovation Privée, nous vous proposons de vous plonger au cœur de l’histoire exceptionnelle d’une légende de l’hôtellerie de luxe : le Ritz. Aujourd’hui, le palace parisien écrit une nouvelle page de sa formidable existence. Profitons-en donc pour revenir sur sa création et sur celles et ceux qui l’ont rendu célèbre aux yeux du monde entier.
Un classicisme à la française
L’hôtel Ritz est constitué de trois corps de bâtiments d’époques distinctes :
- le bâtiment Vendôme donnant sur la place du même nom (n°15 & 17),
- le bâtiment Cambon situé au 38 de la rue,
- le bâtiment liaison, grande galerie faisant la jonction entre les deux bâtiments précédents et situé le long du jardin intérieur.
Le bâtiment Vendôme est constitué de deux hôtels particuliers mitoyens. L’ensemble est classé monument historique à la fois pour ses façades, ses lucarnes et ses brisis. L’histoire de ces deux premiers bâtiments remontent au début du XVIII° siècle.
Au 17 de la place Vendôme, l’hôtel de Crozat a été érigé entre 1700 et 1703. L’architecte Pierre Bullet construit ce bâtiment pour le compte d’Antoine Crozat. Au cours de l’histoire, l’hôtel changera à plusieurs reprises de fonction jusqu’à devenir une des parties de l’hôtel Ritz.
Second bâtiment de l’hôtel Ritz situé au 19 de la place Vendôme, l’hôtel de Gramont fut construit entre 1705 et 1714. Jusqu’en 1897, date à laquelle César Ritz le rachètera pour le transformer en hôtel, le bâtiment conservera sa fonction d’hôtel particulier.
Ces bâtiments donnent un exemple du classicisme à la française. Ils comportent quatre niveaux, un entresol, un premier étage considéré comme l’étage noble où sont situées les plus belles chambres dont la Suite Impériale. La façade présente sur la hauteur du rez-de-chaussée et de l’entresol des chaînes de refends. Elle se caractérise également par une alternance de lucarnes et oculi dont la forme a été modifiée au cours des années. La rénovation de la façade prévoit la reconfiguration de ces oculi dans leur état d’origine.
Une opération immobilière originale
L’histoire des bâtiments de la place Vendôme se mêle de manière intime à l’histoire de la place du même nom. Ainsi, la place Vendôme trouve son origine dans une opération immobilière originale. En effet, si l’unité de la place a été garantie, c’est que l’ensemble des façades et de la place ont été construits en une seule fois par le même architecte Jules Hardouin Mansart. Derrière les façades, rien n’avait été construit au départ. De simples terrains vagues occupaient l’espace. Le remboursement du montant des travaux de construction de la place fut réalisé grâce à la vente des terrains situés derrière les façades. Ce procédé original a permis à l’architecte de contrôler l’unité architecturale de l’ensemble.
La Place Vendôme, l’une des plus luxueuses du monde
À l’époque, la place Vendôme portait le nom de place Louis le Grand en l’honneur du roi Louis XIV. La place était déjà dessinée de manière carrée avec des pans coupés aux quatre angles. Les façades n’étaient malheureusement pas terminées. Les oeils-de-boeuf et les lucarnes n’étaient pas réalisés. La construction des façades remonte à 1699 et dure jusqu’en juin 1702. La statue équestre de Louis XIV qui ornait la place Louis Le Grand jusqu’en 1792 sera remplacée en 1810 par la colonne Vendôme réalisée avec les canons pris à l’ennemi lors de la bataille d’Austerlitz.
En achetant une parcelle, les nouveaux propriétaires de la place s’engageaient à terminer les travaux de réalisation de leur façade suivant un cahier des charges très strict établi par Jules Hardouin Mansart. La rénovation des façades en 2012 obéit au schéma établi par ce dernier d’après des traces historiques parvenues jusqu’à nos jours.
Si le Ritz pouvait parler …
L’histoire du Ritz se confond avec celle de ses illustres clients : Ernest Hemingway, Coco Chanel, Churchill, Orson Welles, Audrey Hepburn…
Ernest Hemingway
Au moment de la libération de Paris en août 1944, Ernest Hemingway se met en tête d’être le premier Américain à libérer le Ritz. Il se présentera à l‘entrée de la rue Cambon annonçant son intention de libérer le palace des allemands qui ont quitté l’établissement la veille. Le directeur de l’hôtel de l’époque, Claude Auzello, lui répondra avec flegme « Bien entendu, monsieur Hemingway. Auriez-vous toutefois l’extrême amabilité de bien vouloir déposer votre arme à l’entrée s’il vous plaît ? ». Hemingway prendra possession des lieux en s’attribuant la chambre n°31, dans laquelle il fêta la libération avec ses compagnons d’armes en profitant de l’alcool entreposé dans la cave. L’établissement sera passé au peigne fin de manière à s’assurer qu’aucun allemand ne s’y est caché. Le bar de la rue Cambon deviendra le repère de tous les officiers supérieurs établis à Paris. Hemingway passera ensuite sept mois sans discontinuer au Ritz. Ce n’est qu’en 1994 que le bar de la rue Cambon deviendra officiellement Bar Hemingway.
Mademoiselle « Coco Chanel »
Coco Chanel a obtenu un grand succès au début du XXe siècle dans le monde de la mode. En 1930, Coco est riche et célèbre. Elle loue en permanence une suite au dernier étage du Ritz dans l’aile donnant directement sur la place Vendôme. L’histoire retiendra la photo prise d’elle sur son balcon avec en arrière-plan la colonne Vendôme surmontée par la statue de Napoléon Ier. Les travaux de réhabilitation menés depuis 2012 ont entraîné la disparition du balcon de manière à remettre la façade conforme au dessin originel de l’architecte Jules Hardouin Mansart. Coco Chanel gère sa parfumerie située sur la même place. La boutique, dans laquelle on peut acheter son parfum Chanel n°5, n’a jamais cessé de fonctionner même sous l’occupation, contrairement à ses ateliers de couture fermés à la même époque. Coco rend hommage à sa manière à la place Vendôme en donnant au bouchon de son parfum mythique la forme octogonale de la place. Une fois réouverts ses ateliers situés au mythique n°31 de la rue Cambon, Coco Chanel s’y rend chaque matin en faisant le tour du pâté de maison. Le concierge du palace a pour habitude de prévenir le personnel de l’atelier par un appel téléphonique de l’arrivée imminente de « Mademoiselle ». Du parfum Chanel n°5 est ainsi répandu dans l’escalier dont les pans coupés sont recouvert de miroirs. Elle décèdera dans sa suite du Ritz en 1971 à l’âge de 87 ans.
La réouverture de l’hôtel fin 2015 marquera à coup sûr l’histoire du Ritz tout comme l’avait été le rachat de l’hôtel par son illustre propriétaire M. Al-Fayed. La cérémonie d’inauguration rassemblera une nouvelle fois, à l’image des festivités de l’époque, toutes les personnalités et vedettes qui marquent notre siècle.
