Infirmière de chantier, un métier pas comme les autres ! Rencontre avec Laurence et Laurence

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De gauche à droite : Laurence Rigault et Laurence Goussu Samuel

Par :

Laetitia Leroy

Avec des parcours professionnels riches d’expériences, Laurence Rigault et Laurence Goussu Samuel sont les deux infirmières de chantier de Rénovation Privée. Elles ont en commun un prénom, mais aussi et surtout une profonde passion pour leur métier et pour le monde du chantier où elles l’exercent au quotidien. Découvrez leur portrait, à travers cette interview croisée.

Bonjour Laurence, bonjour Laurence. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Laurence Rigault : J’ai 56 ans, et 3 enfants. J’ai démarré ma carrière d’infirmière en 1980. Après 23 ans de service hospitalier, je suis arrivée chez REP en 2003 en tant qu’intérimaire, puis en 2009 on m’a proposé un CDI sur le projet de la Tour First. Après avoir été l’infirmière du chantier Laënnec, je suis actuellement en poste sur Tour Athéna.

Laurence Goussu-Samuel : J’ai 53 ans, 4 enfants. Je suis infirmière depuis 1987, et après avoir travaillé à l’hôpital pendant 23 ans, j’ai décidé de me tourner vers le secteur privé, et c’est ainsi que j’ai découvert le monde du bâtiment. J’ai démarré chez REP en intérim sur le chantier de l’Hôtel Prince de Galles et je suis actuellement en CDI chantier sur le projet du Ritz.

On connaît finalement peu vos missions sur chantier et l’étendue de votre rôle. Pouvez-vous nous en parler ?

L. R. : Au-delà de la prise en charge des situations d’urgences et des consultations quotidiennes pour des affections diverses et variées, l’infirmière de chantier doit se tisser une toile relationnelle. Il est important de se faire connaître, afin que n’importe qui sache qui elle est, où la trouver, ce qui permet aussi de faciliter le contact et de vaincre les réticences à venir consulter.

L’infirmière doit en outre connaître son chantier de manière précise, les différentes zones, les accès, etc., afin d’être en mesure d’intervenir rapidement et efficacement en cas d’urgence.

Tout ceci se fait par des tours de chantiers quotidiens, qui sont aussi l’occasion de mieux connaître les différents corps d’état en activité, les risques auxquels ils sont confrontés, et de faire de la prévention sur le terrain.

L.G-S. : En effet, la présence sur chantier est vraiment primordiale, et ce dès la prise de poste des compagnons. L’infirmière participe aussi aux 1/4h sécurité et aux réunions d’information, durant lesquels elle peut faire passer des messages de prévention sur la santé, la sécurité et l’hygiène de vie.

D’autre part, elle peut réaliser des interventions thématiques, comme je l’ai fait sur le tétanos, la grippe, les fortes chaleurs etc.

 Qu’est-ce qui vous plaît dans ce mode d’exercice?

L. G-S. : Tout d’abord, j’y retrouve le lien relationnel et le contact humain auxquels je suis très attachée, avec leurs difficultés, mais aussi leurs bonheurs. D’autre part, le chantier exige de l’expérience, de la polyvalence, et de l’adaptabilité, mais c’est un métier très enrichissant, qui permet de mettre à profit l’ensemble des compétences acquises au cours d’une carrière.

L. R. : Exercer sur chantier permet d’agir en amont sur les risques, de faire de la prévention au quotidien. Je retrouve souvent des compagnons d’un chantier à l’autre, qu’ils soient Bouygues ou sous-traitants. On a la possibilité d’avoir une relation sur la durée avec les patients, et de mener des actions à long terme.

En outre, c’est un poste qui offre beaucoup d’autonomie, mais aussi beaucoup de responsabilités. L’infirmière est en première ligne et doit se remettre en question quotidiennement, car aucun jour ne ressemble au précédent. Elle a aussi un rôle de pivot, une vision globale. Le fait d’être détachée de la production lui donne du recul et du poids dans ses prises de décision.

 Le chantier, un métier de passionnés ?

Laurence Rigault : Nécessairement. Et il faut aussi de la motivation. D’autre part, il est indispensable d’avoir du caractère, et de savoir se faire respecter.

L. G-S. : Je rejoins Laurence sur la nécessité d’avoir du caractère, car c’est un poste difficile, mais il faut aussi avoir le sens du relationnel, de l’écoute, de l’empathie. Le soin n’est pas qu’un acte technique et le chantier en est une parfaite illustration.

 

Pouvez-vous partager avec nous une anecdote marquante ?

L.R. : Je me souviens d’un compagnon d’une quarantaine d’années qui était venu me voir pour des maux d’estomac un vendredi midi. Il était pâle et semblait mal en point. A la veille du week-end, il ne souhaitait pas y prêter plus d’attention, mais j’ai pris le temps de l’examiner et je me suis rendue compte qu’il avait en fait tous les signes de l’infarctus.

J’ai réussi à le convaincre de l’urgence de son état, et il a été pris en charge en réanimation cardiaque. C’est pour ce type de cas que je suis sortie de l’hôpital, pour la satisfaction de m’être trouvée au bon endroit au bon moment, et pour le sentiment d’utilité que cela procure.

Laurence Goussu Samuel : Pour ma part, je garde en mémoire toutes les fois où une personne est venue me remercier de ce que j’avais pu faire pour elle, et je pense notamment à un compagnon qui avait eu des soucis de santé, que j’avais aidé dans sa prise en charge, et qui, juste avant de partir à la retraite, m’a dit « Laurence, merci, je me souviendrai de toi toute ma vie, car tu m’as vraiment aidé. » Pour moi, c’est tout simplement la plus belle des récompenses qu’on puisse souhaiter dans notre métier.

 Que souhaiteriez-vous améliorer si vous le pouviez ?

L.G-S. : Je pense qu’il serait nécessaire de mieux communiquer sur le rôle et les missions des infirmiers. La relation de l’infirmier avec l’équipe travaux se trouverait en outre améliorée si la notion de secret médical était mieux comprise par tous.

L. R. : Il est important que chacun ait en tête que l’objectif prioritaire de l’infirmier est de préserver la santé des collaborateurs, par la meilleure prise en charge possible, ce qui implique parfois l’intervention des secours par précaution.

 Où vous voyez-vous dans le futur ?

L.R. : Je suis depuis peu devenue référente des infirmiers de chantiers, ce qui inclus notamment des missions d’accueil, de formation et de suivi du personnel infirmier en intérim.

Dans ce cadre, j’ai à cœur de poursuivre le développement d’outils et la diffusion de bonnes pratiques nécessaires au bon exercice de notre métier.

Laurence Goussu Samuel. : Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, mais je souhaite de tout cœur continuer dans cette voie qui me convient parfaitement. C’est pour moi une évidence.